Vous pensez que l'implant peut vous concerner ?

Vous trouverez sur cette page des informations:

  • sur les examens et consultations permettant de déterminer si l'implant cochléaire peut vous aider,

  • sur l'hospitalisation et l'opération,

  • sur les réglages et la rééducation après l'opération.

Vous pourrez ensuite découvrir les coordonnées des centres ou vous pouvez consulter pour l'implant cochléaire.

Attention: Le parcours pré ou post implant et la durée de l'hospitalisation après l'opération peuvent être légèrement différents selon les spécificités de chaque patient ou du centre.


La phase d’évaluation

Un bilan médical est obligatoire avant la prise en charge d’un patient atteint de surdité sévère, profonde ou totale dans le but de lui poser un implant cochléaire. L'ordre des étapes suivantes peut différer mais en génal le premier contact se fait avec le chirurgien.

Consultation initiale avec le chirurgien

Cette consultation permet d’évaluer l’utilité de réaliser un bilan complet de pré-implantation. Il est souhaitable d'apporter son dossier médical ORL si on en dispose (audiogrammes, scanner ou IRM de l'oreille, ...). Ce premier contact permet au chirurgien de se faire une première idée de l'indication d'un implant, et au patient de faire part de ses motivations et de recueillir toutes les informations nécessaires. En l'absence de dossier, les bilans audiométrique et orthophonique présentés ci-dessous sont souvent réalisés immédiatement.

 

Bilan audiométrique

Ce bilan vise à mesurer le niveau de perte auditive (audiogramme tonal) et le niveau de compréhension de la parole (audiogramme vocal). Les tests sont réalisé sans aides auditives, puis avec aides auditives.

L'audiogramme tonal consiste à tracer pour chaque oreille une courbe représentant la perte auditive en décibel (dB) en fonction de la fréquence. Pour cela, on fait écouter au patient pour chaque fréquence testée des bips d'intensité croissante. Le patient doit signaler quand il entend les bips.
L'audiogramme vocal consiste à mesurer le pourcentage de mots que le patient peut répéter sans erreur en fonction de l'intensité sonore. Les listes de mots sont généralement enregistrés, et l'examen consiste à les répéter.

 

Bilan orthophonique

Il vise à estimer les capacités de communication du patient, et en particulier son niveau de lecture labiale.

 

Bilan médical

Un certain nombre d'examens complémentaires permettent de s'assurer que la pose d'un implant est bien possible.

Les examens les plus couramment pratiqués sont les suivants, mais ils ne sont pas forcément tous nécessaires pour tous les patients :

  • Vérification de l'état du nerf auditif : le nerf auditif doit être encore fonctionnel pour que l'implant cochléaire soit efficace. S'il y a des restes significatifs d'audition, il n'est pas forcément nécessaire de réaliser un examen, ou celui-ci consiste uniquement en un test des Potentiels Evoqués Auditifs. Le PEA est une sorte d'audiogramme durant lequel, au lieu de demander au patient s'il entend les sons, on mesure la réponse de son nerf auditif et de son cerveau à l'aide de petites électrodes scotchées sur la tête.
    S'il y a un doute sur l'état du nerf auditif, une stimulation électrique peut être réalisée dans certains centres, soit en passant une aiguille à travers le tympan, soit en décollant le tympan chirurgicalement sous anesthésie locale pour placer plus précisément l'électrode. Dans les 2 cas, la cicatrisation après l'examen est relativement rapide (8 à 10 jours).
  • Scanner de l'oreille interne et/ou IRM de l'oreille interne :
    L'objectif est de déceler une éventuelle malformation de la cochlée, ou une ossification de son "tube" dans lequel doit être inséré le faisceau d'électrodes de l'implant cochléaire. Ces problèmes peuvent empêcher de poser un implant, ou bien obliger le chirurgien à utiliser une technique chirurgicale spécifique.
  • Tests de l'équilibre
    Ils permettent de détecter une atteinte de la partie postérieure de l’oreille interne, le vestibule, organe responsable de l’équilibration. Le test essentiel consiste à mettre de l’eau dans l’oreille pour tester la fonction du vestibule, mais il peut y en avoir d'autres basés sur l'observation de tâches lumineuses mobiles, ou bien sur les réactions à certains mouvements réalisés dans le noir sur fauteuil mobile et articulé. Les résultats peuvent aider à choisir l’oreille à implanter et à prévenir d' éventuels troubles de l’équilibre qui pourraient être provoqués par la mise en place de l’Implant dans l’oreille.

Bilan psychologique

Le but de ce bilan est de mesurer la motivation du patient et si nécessaire de son entourage, de vérifier qu'il a bien la volonté de respecter le programme de rééducation après l'opération. Il vérifie également que le patient a des attentes réalistes par rapport au résultat qu'il est susceptible d'atteindre avec l'implant cochléaire. Ce point est d'ailleurs particulièrement important, car si les médecins ont maintenant une très bonne connaissance statistique des résultats de l'implant (pourcentage des implantés qui obtiennent des résultats excellents, bons, moyens ou médiocres) et des facteurs favorables ou défavorables, ils ne peuvent pas encore prédire avec certitude avant l'opération le résultat qu'obtiendra individuellement chaque patient.

Remarque : certaines équipes ORL ne font pas intervenir de psychologue. Dans ce cas, ce sont les différents intervenants qui réalisent ce bilan à l'occasion des différentes consultations (chirurgien, orthophoniste, phoniatre, ...).

 

L’hospitalisation et l’opération

Comme pour toute opération, l'hospitalisation peut être précédée d'une consultation préopératoire avec l'anesthésiste (1 à 2 semaines avant typiquement).

L'hospitalisation pour la pose de l'implant cochléaire dure de 0 à 10 jours selon les patients et les centres d’implantation. Le plus fréquemment 2 à 3 jours dans de nombreux centres et 4 à 5 jours dans les autres. Certains centres laissent même quelques patients particulièrement en forme au réveil sortir le jour même de l'opération (c'est nettement plus fréquent dans d'autres pays qu'en France).

L'entrée à l’hôpital s’effectue souvent la veille de l'opération et cela permet notamment de régler les formalités administratives et de (re)voir l'anesthésiste pour l'opération du lendemain, prévue tôt le matin. Le soir avant de se coucher et une deuxième fois le lendemain avant l’opération, une douche complète à la Betadine permettra de supprimer les microbes pour prévenir les risques d'infection. A ce propos : contrairement au produit courant et à ce que pourrait laisser penser sa couleur très foncée, cette Bétadine ne tâche pas et l’on peut même se laver les cheveux avec sans crainte. Selon la technique opératoire prévue, un rasage plus ou moins étendu des cheveux est réalisé autour de l'oreille a implanter. Pas de panique : les chirurgiens ont tendance à en couper de moins en moins, et ça repoussera vite !

A l'arrivée en salle d'opération le patient est rapidement endormi pour l'opération qui dure de 2 à 3 heures.

Pour certains patient (mais pas tous, loin de là) le réveil s’avère douloureux, et on peut aussi ressentir des nausées ou des vertiges. Même en l'absence de douleur, le bandage extrêmement serré qui est posé après l'opération pour prévenir tout hématome rend parfois la première nuit assez inconfortable. Selon les centres, ce bandage doit être conservé 1 à 2 jours, puis est remplacé par un bandage moins serré, ou bien par un simple pansement qui est recouvert d'une résille la nuit ou toute la journée selon le souhait du patient.

Environ 10 jours après l'opération, on retourne a l'hôpital pour faire enlever les fils ou les agrafes.

La cicatrice longe le dessus de l'oreille sur environ 15 à 20 cm. Pour ceux qui ont les cheveux longs, la cicatrice sera invisible puisque les cheveux du dessus la couvriront et ceux du dessous donneront l’impression d’une chevelure normale.

La colle, déversée dans les cheveux pour les maintenir distants pendant l’opération, est gênante les jours suivants car ça gratte : il convient de prévoir un gant humide ou des lingettes pour essayer de l’enlever. En effet, on ne doit pas se laver les cheveux au moins jusqu'à l’ablation des agrafes, soit environ 15 jours après l'opération. Pour la sortie, il est préférable de prévoir un foulard ou quelque accessoire pouvant protéger la cicatrice. Pour les femmes qui doivent faire une couleur, prévoir d'attendre un mois après l'opération. Il est recommandé aux personnes qui portent des lunettes de se munir d’une paire à branches larges à cause du pansement autour de la tête.

 

Les réglages

Le premier réglage a lieu, selon les centres, entre 10 à 40 jours après l'opération. C'est la première fois que le processeur est couplé à l'implant, et que le patient va entendre des sons. La procédure exacte varie selon les centres et les modèles d'implant, mais cela se passe en général de la manière suivante :

La personne chargée des réglages présente le processeur de l'implant cochléaire et explique comment le mettre en place. Il faut juste apprendre à bien placer l'antenne là ou se trouve le récepteur de l'implant sous la peau. Elle connecte ensuite le processeur a l' ordinateur qui va être utilisé pour les réglages.

Un premier test (ou l'on entend rien à priori) est réalisé pour vérifier le bon fonctionnement de l'implant et de chacune de ses électrodes.

C'est ensuite que les choses intéressantes commencent : le réglage principal consiste à déterminer pour chaque électrode le niveau minimal de stimulation électrique qui provoque une sensation auditive, ainsi que le niveau maximal de stimulation électrique au delà duquel la sensation devient désagréable.
Cela se fait un peu comme un audiogramme, en écoutant des « BIP » d'intensité croissante sur chaque électrode.

Après un balayage rapide des électrodes pour vérifier que les niveaux de toutes les électrodes sont cohérents (les bips doivent alors être ressenti a peu près avec la même intensité pour chaque électrode), on passe au premier essai d'écoute : le son capté par le micro du processeur est utilisé par ce dernier pour commander les électrodes et on entend !

Mais attention : cette première sensation peut être très différente selon les patients : certains comprennent immédiatement quelques mots ou même des phrases, malgré un son qui leur parait encore de qualité assez médiocre. D'autres devinent juste quelques mots, et d'autres n'entendent rien d'autre qu'un magma de sons incompréhensibles (Ndr : c'était mon cas, avec même pour certaines fréquences des sensations non auditives, c'est à dire que je ressentais quelque chose que je n'identifiait pas comme un son, et je n'aurais jamais imaginé à l'époque que ça puisse évoluer par la suite au point que je puisse à nouveau téléphoner !).

En cas de déception, IL EST ESSENTIEL DE NE PAS DEPRIMER EN SE FOCALISANT SUR CETTE PREMIERE IMPRESSION OU MEME CELLES DES JOURS SUIVANTS : cela ne préjuge absolument pas de ce que l'on entendra quelques jours, quelques semaines ou quelques mois plus tard.

Les réglages suivants, espacés d’une semaine ou de quelques jours selon les besoins, viendront parfaire peu à peu le réglage initial pour parvenir au réglage optimal du patient, celui qui allie confort et qualité d’écoute. Pour une audition très confortable, il n'est pas nécessaire d'entendre FORT, mais d'entendre normalement, de comprendre et de définir instantanément toutes les sonorités. Il est également important de noter que le seuil maximal sera très progressivement atteint, pour permettre au patient de se réhabituer au monde sonore.

Seuls une bonne attention, un langage précis, des réglages biens adaptés mais aussi un entraînement personnel journalier vous feront progresser (radio, TV, discussion…).

La patience et la persévérance sont des règles d'or pour obtenir une meilleure audition avec l'implant cochléaire.

 

Les séances de rééducation

Les séances de rééducation vont permettre d'apprendre au patient à reconnaître les syllabes, les mots et les phrases de la vie quotidienne sans l’aide de la lecture labiale.

Ces séances doivent être soutenues pendant au moins 1 à 6 mois après l'opération au rythme de 2 à 5 par semaine. Cette rééducation doit ensuite être poursuivie à un rythme et pendant des délais variables selon chaque patient. Il va sans dire que le port permanent et quotidien de l'appareil va sensiblement améliorer la rééducation. Dès la première séance, le patient ferme les yeux ou se tourne pour ne pas recourir à la lecture labiale. Le médecin lit : au début des listes de mots (légumes, fruits, pays…), puis des phrases simples qui reviendront plusieurs fois pour bien discriminer les syllabes. Le patient répète les mots puis les phrases qui lui sont dictées, en une ou plusieurs fois.

Au fur et à mesure des séances, le praticien et le patient feront évoluer les réglages afin d'obtenir un niveau de compréhension et de confort satisfaisants pour le patient. Les supports des séances évolueront également en fonction des progrès : l’orthophoniste passera aux phrases simples mais non répétitives de la littérature de jeunesse puis, au stade ultime, aux phrases complexes d’un quelconque magazine.

Ces séances peuvent être assez fatigantes, et il vaut mieux prévoir de se reposer après tant l’effort de concentration et d’attention est soutenu au début. Au départ, il vous semblera pénible d'arriver à comprendre un mot, puis un ensemble de mots ... C'est en fait le cerveau et la partie de la mémoire auditive qui travaillent à se recadrer sur les sonorités entendues avec l'implant. Puis, au fil des séances dirigées mais aussi grâce à la stimulation de la vie quotidienne, l’attention se relâchera progressivement et répéter ce que l’on entend sans lecture labiale (re)devient un comportement « normal » n’exigeant plus d’efforts superflus.

Ce travail peut être plus ou moins long suivant chaque patient. La seule contrainte est d’accepter sa propre progression, sans chercher à comparer son cheminement aux précédents implantés. Chacun parvient à un résultat satisfaisant, mais ni au même niveau ni dans les mêmes délais. Et n’oublions pas qu’un témoignage, même réalisé avec le plus grand sérieux, reste avant tout subjectif.