On ne connaît pas l’origine de ma surdité, mais à l’aube de mes 40 ans, j’ai été appareillée des deux oreilles. Tous les ans, mon audition baissait et j’étais suivie tous les 6 mois. En janvier 2022, je me suis aperçue que j’entendais de plus en plus mal. J’étais vraiment en difficulté dans mon quotidien, dans ma vie personnelle comme dans ma vie professionnelle.

 

J’ai 3 enfants, et au moment des repas à table, je n’arrivais pas à suivre les conversations. On nous invitait pour des moments conviviaux, je ne suivais aucune conversation. Dans la voiture, aucun échange n’était possible. Impossible pour moi également d’écouter de la musique, la radio dans la voiture. Ça faisait plus de 3 ans que je ne l’allumais plus. Si j’avais besoin de prendre un rendez-vous, il fallait que ce soit par mail ou par SMS, ou que quelqu'un téléphone à ma place. J’ai dû me mettre en arrêt-maladie, car je ne pouvais plus exercer mon métier qui est basé essentiellement sur la communication, l’échange, l’écoute...

A mon boulot, les pauses café ou les repas le midi, qui étaient sources d’échanges pour moi, étaient devenus des moments très désagréables et une source de stress permanent, car je ne comprenais pas quand on me parlait. Mon quotidien était difficile, à faire répéter sans cesse. Mais au bout d’un moment, j’ai cessé de faire répéter. La fatigue était aussi très présente, car je me concentrais beaucoup pour essayer de décoder, déchiffrer, comprendre mes interlocuteurs. Ce qui était aussi très pénible pour moi également, c’était le port du masque bien évidemment. Et le fait de toujours devoir se justifier en permanence : "je suis malentendante".

Mon entourage aussi, qui connaîssait mes difficultés, mais il fallait sans arrêt leur rappeler que je n’entendais pas, alors qu’ils le savaient. Tout ça est fatiguant à la longue. On se sent diminué, pas écouté, infantilisé, et j’ai vraiment perdu confiance en moi. Bref, je me suis renfermée. Je me mettais dans une bulle.

 

Début 2022, lorsque je suis retournée chez l’ORL et qu’il a constaté une baisse très significative de l’audition dans les 2 oreilles, il m’a parlé des implants. J’ai été vu assez rapidement sur Nantes pour un premier rendez-vous et tout s’est enchaîné... Je n’ai jamais hésité sur mon choix, car quand on en arrive à esquiver toute communication, on s’exclut.

Le 12 janvier 2023, à peine 1 an après mon tout premier rendez-vous, l’opération !

Ça y est, on y était !

Le 19 janvier, jour de l’activation, tout se mélangeait dans ma tête... Le stress, l’impatience. Ma première impression fut une grande surprise, car je ne m’attendais pas à entendre un son si mécanique, si robotique. Je ne comprenais pas grand-chose, car j’entendais comme des grésillements en permanence dans mon oreille gauche. Par exemple, la télévision me fatiguait beaucoup, car c’étaient des sons incompréhensibles.

J’ai commencé mes séances d’orthophonie le 18 juillet pour de la lecture labiale, soit 6 mois avant mon implantation, à raison de 2 séances par semaine. Aujourd’hui, on continue avec la lecture labiale et non labiale. Je conseille vivement à toutes les personnes de contacter un orthophoniste bien avant l’implantation, car ça aide beaucoup pour la suite.


Je me connecte régulièrement sur des applications pour travailler sur des mots et des phrases. Dans la voiture, je mets la radio pour essayer de déchiffrer, de comprendre ce qui est dit, ainsi que pour écouter la musique. C’est un travail régulier, mais qui porte ses fruits.
Cela fait 3 semaines que je suis implantée, et j’ai déjà des résultats. Des sons que je ré-entends, comme le café de la cafetière qui coule, le micro-onde qui tourne et la sonnerie de celui-ci, le minuteur de cuisine, la sonnette de la porte, le clignotant dans la voiture, la radio. Même si ce n’est pas encore totalement audible, j’arrive à décoder des mots, à reconnaître une chanson. Après plus de 3 ans sans pouvoir écouter de la musique,  cette semaine pour la première fois, j’ai pu entendre et reconnaître un morceau, quelle joie ! Pareil, pour la télé, j’arrive petit à petit à comprendre des mots. Les films restent compliqués, mais les informations par exemple, j’arrive à comprendre certaines choses.

Dans la voiture, je comprends enfin mon fils quand il me parle. L’autre jour, on a rejoint nos voisins à la plage, et j’ai réussi à suivre la conversation. Cela ne m'était pas arrivé depuis très longtemps. J’ai ressenti une joie immense. Je ne regrette pas du tout la décision de me faire implanter, même si le parcours n’est pas facile.
Je conseille bien entendu l’implantation, car cela faisait longtemps que je n’avais pas ressenti de la joie. Je commence à m’ouvrir et à être moins agressive envers les autres. Je suis également moins stressée quand quelqu'un vient à la maison.


Je ne suis qu’au tout début de ma rééducation, et je suis toujours en arrêt-maladie, mais il y a déjà des gros progrès. Je revis, tout simplement.