Mes soucis d’audition commencent vers l’âge de 3 ans. Après tant d’années entre les rendez-vous ORL ou psychologue, c’est en classe de CE1 que cette maîtresse propose un bilan ORL à mes parents et que l'on met enfin un mot sur mes problèmes de surdité sévère.


A 8 ans, je suis appareillé des 2 oreilles. Avec l’aide d'orthophonistes et des soutiens pédagogiques, je fais toute ma scolarité normalement jusqu’au BAC PRO.


En octobre 2016, un matin, subitement, je n’entends plus de l’oreille gauche. Mon frère ayant déjà eu une perte subite 5 ans auparavant, j’ai vite compris la situation, qui est confirmée deux semaines plus tard par un ORL. D’après l’audiogramme, mon oreille droite a, quant à elle, été un peu touchée par cette perte.


Pendant 2 ans, mon parcours est pesant et je me retrouve à devoir prendre un cachet pendant 6 mois, qui soi-disant, pourrait m’aider à retrouver une partie de mon audition... Je ne comprends plus rien, je suis sur le qui-vive, la musique qui me permet de me relaxer et de ressentir des émotions, de frissonner, me semble très neutre et cela est très douloureux pour moi. Je dois chercher une autre échappatoire, difficilement.


Pendant ces six mois, après mûre réflexion, j’espère me faire implanter de l’oreille gauche. Je me dis : « Au mieux, je réentends quelque chose, au pire rien ne change. »

Voilà ce que je me dis. Alors, déterminé, je prends rendez-vous au CHU Hôtel-Dieu de Nantes.

Le temps que tous les rendez-vous se fassent, en fin décembre 2017, je me suis fait implanter.
Février 2018, enfin le jour de l’activation, je suis le premier cas à pouvoir choisir le processeur Kanso ou le contour d’oreille de Cochlear dans cet hôpital. Dû à ma transpiration assez fréquente, j’opte pour le KANSO ! Activation ! OOOh ! J’entends des sons, je ne sais pas ce que j’entends mais c’est sans importance pour le moment, je me suis senti très soulagé, surtout que j’ai eu des acouphènes fréquents parfois douloureux pendant ces deux dernières années.
Je redécouvre les sons, je suis comme un NOUVEAU-NÉ ! Chaque jour, des sons nouveaux et au fur et à mesure du temps et des réglages... Je communique plus facilement, je m’entends parler, j’entends les tons différents employés, je reconnais des sons... Une évolution constante et agréable.

Je ne me sens plus fatigué comme avant après une longue discussion, la sensation de faire moins d’effort pour comprendre, je peux même réussir à comprendre ce qu’on me dit de dos. Certes, pas tout, mais j’y arrive contrairement avec les appareils auditifs. Evidemment, tout n’est pas parfait, mais c’est tellement mieux que je passe outre les inconvénients.


Les implants sont aimantés, donc ils peuvent s’accrocher sur une barre en ferraille par exemple. Au téléphone, je comprends difficilement, je ne peux pas mettre l’audio à l’oreille avec le Kanso, je me retrouve le micro dans l’oreille... Mais c'est tellement agréable de pouvoir réécouter la musique, j’en frisonne, car j’étais malheureux de ne plus pouvoir l’entendre.


Début 2021, je décide et je suis prêt pour un implant à l’oreille droite, car je ne comprends rien avec l’autre appareil auditif. C’est un risque d’être peut-être déçu, cela pourrait ne pas fonctionner comme le premier, j’en suis très conscient. Et les choses se font plus vite que prévu, j’enchaîne rapidement les rendez-vous, grâce à mon temps libre et faire mes journées en fonction de l’emploi du temps du service ORL.


Juin 2021, me voilà bi-implanté, que du bonheur, la deuxième oreille me semble plus facile et plus rapide à évoluer. Je me sens libre, serein, détendu. Je profite, chaque jour, de la chance d’entendre.

Il est vrai qu’il y a toujours des inconvénients, que je n’entendrai jamais comme une personne qui n’a pas de surdité, mais pour ma part, les implants font partie de moi, et tout me parait naturel. Si c’était à refaire, je le referais !


Aujourd’hui, je vis ma vie, en couple avec un bi-implanté, on évolue ensemble. Grâce à mon compagnon Stéphane, j’ai découvert le CISIC et j’avoue que j’aurais aimé découvrir cette
association bien plus tôt, cela m’aurait grandement facilité les tâches entre les témoignages, l’aide administratif, technique...
Et je suis très heureux de pouvoir partager mon histoire, de donner, vous aider avec mes propres connaissances.


Merci au CISIC d’exister, de me permettre d’échanger mon témoignage et mes connaissances, et j’espère évoluer ensemble.


Plein d’amour et de courage à toutes ces personnes qui me liront, vous n’êtes plus seules !!!

 

Benoit G., implanté en décembre 2017