"Très désagréable » m’a dit le médecin « mais parfaitement bénin » . Ben voyons, 5 heures après j’étais sourde d’une oreille, je me suis couchée en me disant que puisque c’était bénin demain ça irait mieux. Et bien non, patatrac, à 8 heure du matin qu’elle ne fut pas ma surprise de me retrouver dans un silence absolu."

  

Bonjour,

Je m’appelle Sophie et j’ai 44 ans. Alors mon histoire est simple jusqu’en Avril 2006 j’étais une parfaite « entendante », j’ai même passé au sortir de mon bac tous les examens pour être orthophoniste, heureusement que j’ai bifurqué sinon je serais bien embêtée.
Tout à commencé un dimanche soir par une sensation de manège enchanté qu’on à attribué à un déplacement des cristaux de l’oreille. « Très désagréable » m’a dit le médecin « mais parfaitement bénin » .
Ben voyons, 5 heures après j’étais sourde d’une oreille, je me suis couchée en me disant que puisque c’était bénin demain ça irait mieux.
Et bien non, patatrac, à 8 heure du matin qu’elle ne fut pas ma surprise de me retrouver dans un silence absolu. Impensable j’habite avenue de la République à Paris et même avec les doubles vitrages je vis dans un environnement sonore. C’est alors que j’essaye d’appeler mon fils et la silence radio.
Je vous passe l extrême moment de panique où je me suis rendu compte que je ne pouvais même pas appeler le SAMU ou un taxi….
Bref après une semaine passée à l’hôpital LARIBOISIERE sensé être spécialisé en ORL. J’étais toujours sourde comme un pot et les perfusions de cortisone n’agissaient pas.
C est à ce moment là que j’ai découvert les joies de l’ardoise magique et le manque de perspicacité de certains soignants qui s’évertuaient à faire de la gymnastique faciale sans se soucier que je n’avais pas encore eu mon premier cours de lecture labiale.
Bref je suis orientée en médecine interne à la pitié et là 3 longues semaines s’écoulent, toujours dans un silence absolu.
On a quand même fini par découvrir que je souffrais d’une méningite ce qui expliquait ma surdité brusque.
LA TUILE
Dans mon malheur, l’ORL qui s’occupe de moi à l’hôpital me prescrit un appareil d’aide auditive mais me parle tout de suite de l’implant cochléaire. Il est d’ailleurs en relation avec les équipes du Professeur Meyer et ne manque pas de lui adresser un courrier.
Quelle sensation bizarre quand je me suis retrouvée au supermarché pour remplir mon réfrigérateur je n’était pas encore appareillée et tout était silence .

Une fois appareillée j’ai très vite compris que je n’arriverai pas à mener une existence normale et l’implant était la petite étoile qui me mènerait à une solution.
J’ai donc très rapidement pris rendez vous à SAINT ANTOINE, avec mes IRM et scanners sous le bras . Le Professeur était un peu sceptique car il avait peur que mon nerf soit atteint. Il m’a donc prescrit un nouvel IRM et il a pratiqué une stimulation électrique sous anesthésie locale pour vérifier que j’étais implantable.
Je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie même devant les résultats du Bac.
Tellement peur que mon nerf soit touché….
On m’avait juste dit si vous entendez un bruit vous serrez la main de l infirmière
À vos cotés. Elle a du le sentir passer car j’ai serré aussi fort que ma joie était grande, la pauvre.
Il a fallu attendre 2 semaines pour que la cicatrisation se fasse et le 21 Septembre je rentrais à tenon pour l’implantation.
Sans vouloir lancer des fleurs un service super sympa et à l’écoute.
Après la découverte dans un miroir de ma tête enrubannée, à mon retour du bloc, ma mère a cru bon de me dire que j’avais bonne mine…. Là fallait pas exagérer ceci dit j’étais en forme.
Pas de vertige, aucune nausée, étant une fumeuse invétérée j’ai même enfreins la promesse de ne pas me lever pour aller tirer une petite goulée de nicotine à la fenêtre, quelle accro je fais.
Le lendemain à 8 heure le Professeur Meyer est venu prendre de mes nouvelles il m’a dit qu’il avait rarement fait une intervention aussi rapide et facile. Pour une fois ça change de mes galères habituelles. J’étais donc rassurée.
Ma seule petite misère s’est produite le samedi soir ( opérée le vendredi), en raccompagnant ma maman à sa voiture elle me dit « dis donc tu as l œil un peu gonflé! »
Un peu non beaucoup oui, 3 heures après on aurait dit Mohamed Ali après un terrible combat. Seuls des sacs avec des glaçons m’ont été accordés car pour la réussite de l’intervention il ne fallait ni corticoïde ni anti inflammatoire. Le lendemain en allant au distributeur de café un vieux monsieur m’a questionnée
« Que vous est il arrivé vous avez reçu un projectile sur la tête? »
Alors devant son air désolé je lui ai expliqué que pas du tout et que j’étais au top de ma forme. A quatre heure, comme j’avais faim je me suis armée d’un foulard et de lunettes de soleil pour avoir le courage de rentrer dans la boulangerie d’à côté.
Enfin des souvenirs rigollots avec le recul.
Que dire après, bien sur de l’impatience, j’avais lu tous les témoignages sur le site mais tant qu’on avait pas fait les premiers tests je n’étais certaine de rien.
Arrive le jour fatidique et magique comme je pense pour tous les implantés :

LE PREMIER REGLAGE ET LE TEST DES ELECTRODES

Magique je crois qu’on est tous d’accord je savais que les voix seraient métalliques mais dès qu’on a eu terminé le premier réglage et qu’on m’a branchée je comprenait ce qu’on me disait. J’ai d’ailleurs vu récemment un DVD du parcours d’un implanté où on le voit très ému, lors de cette séance, j’en avais les larmes aux yeux.
Bien sur il a fallu rendre le joujou et là ce fut dur de repartir du service.
Je suis rentrée chez moi et j étais excitée comme une puce. Une semaine c est écoulée et à mon deuxième réglage je repartais avec l’objet de tous mes désirs.

Quelle joie de retrouver une meilleure compréhension du langage, les miaulement de mon persan, la sonnerie de l interphone, enfin bref tout ce qui parait normal aux oreilles d’un bien entendant et qui sont des embûches pour nous.

Alors voila nous sommes en janvier 2007 je suis équipée d’un Freedom Cochlear depuis octobre et je ne lasse pas des progrès que je fais chaque jour.
Mon orthophoniste Lucille Monneron qui fait partie du staff de saint Antoine est devenue presque une intime puisque je la voie 2 fois par semaine.
Après une ou deux séances où nous avons travaillé sur des mots simples (on ne fait travailler que l’implant), me voici bercée régulièrement par les aventures du petit Nicolas . Depuis peu nous travaillons avec la radio en marche et elle me lit en se déplaçant dans la pièce des dialogues de pièce de théâtres ou sketches. A chaque séance c’est la surprise. Je commence à ré apprécier la musique sur mon MP3 surtout avec des morceaux que je connaissais avant, ainsi ma mémoire m’aide dans cette rééducation. La télé avec un casque c’est impeccable, sans: je commence à y arriver, quand au téléphone armée d’un casque genre la soupe aux choux je m’en sort plutôt pas trop mal. Et ça pour la vie de tous les jours c’est super important. Bon ce n’est pas pour autant que j’abandonne Messenger qui est un de mes plus fidèles amis depuis mes mésaventures.
Que vous dire d’autre, et bien j’ai découvert une solidarité dans cette épreuve, que je n’avais jamais trouvée auparavant. L’entraide sur le forum du cisic est fantastique et je me sens âme d’une guerrière lorsque je rencontre un futur implanté qui a encore des doutes, d’ailleurs quand il me quitte il est souvent décidé. Alors ne doutez plus foncez et bon courage
 

Sophie
Implantée Cochlear Freedom
Octobre 2006