Nous avons deux enfants Cédric, 9 ans et Yoann 7 ans. La malentendance de Cédric a été déclarée à ses 4 ans. Il porte des prothèses auditives depuis ce jour. Yoann est appareillé depuis ses 2 ans. Ils ont tous les 2 la même courbe auditive. En décembre 2008, lors d’une rencontre organisé par le SSEFIS, l’ORL nous a parlé de l’implant cochléaire pour nos garçons. Il nous a conseillé de faire un bilan sur Angers pour savoir si cet implant leur serait profitable. Nous avons refusé de faire ce bilan. Pour moi et mon mari, nos enfants entendaient bien avec leurs prothèses.

Décembre 2009, nouvelle rencontre avec le docteur qui nous tiens toujours le même discours. Cette fois nous acceptons de faire le bilan. Pour nous cela semblait évident que le docteur allait s’apercevoir que les garçons entendaient bien avec leur prothèse et après on n’en parlerait plus.

Courant mai, le premier diagnostic tombe : Yoann rentre dans les indications d’implant. Quelle claque ! Il comprend 100 % des mots à 85 décibels avec ses prothèses. Nous qui pensions qu’il comprenait quasiment tous. On en était bien loin.

Date de l’opération : le 14 juin 2010, plus on approche de la date, plus on se demande si on a fait le bon choix. Notre doute : ne vaut-il pas mieux garder très peu que de tout perdre en cas d’échec ?

L’opération se passe bien, mais nous ne sommes toujours pas rassurés. 15 jours après : le premier réglage. Enfin nous allons savoir. Quel bonheur de voir sa réaction, un sourire jusqu’aux oreilles, des éclats de rire en entendant des crayons remués dans un pot.

Tout au long de l’été, nous avons pu voir le bénéfice de l’implant. Il a entendu le beurre crépité dans la poêle, la bille d’un déodorant au contact de la peau.

Un jour, un avion est passé, Yoann nous a dit quand il a commencé à l’entendre et quand ça c’est fini. Cédric a fait de même mais avec un air très étonné car lui n’entendait pas au début et à la fin. Ce jour là nous n’avions plus qu’un seul souhait : que Cédric puisse bénéficier d’un implant.

Fin septembre, nous apprenons que l’opération est planifiée le 16 octobre 2010. Quel bonheur ! Cette fois-ci, nous n’attendons qu’une chose : le premier réglage. Nous savons qu’il ne faut pas comparer nos enfants, que les résultats de l’un ne seront pas les résultats de l’autre ; mais nous sommes convaincus cette fois que dans tout les cas l’implant apportera un meilleur gain par rapport à la prothèse.

L’opération se passe bien. L’attente du premier réglage est longue pour Cédric. Il n’entend pour ainsi dire rien. Maintenant, nous le savons et nous ne pouvons rien faire. Trois semaines après c’est le grand jour. Nous sommes tous, y compris Yoann, excités et anxieux. Yoann ne veut plus répéter les choses pour Cédric comme il l’a fait tout l’été.

Le réglage commence, Cédric s’interroge. Il doit dire s’il entend ou non des sons mais il ne nous entend pas encore. Trois quarts d’heure après, on le « branche ». Première réaction, un immense sourire puis aussitôt après un sourire plus mitigé. Il entend ses pieds tapés par terre mais nous parlons tous « l’extraterrestre », lui également. Le lundi qui suit (cela fait 3 jours qu’il porte son implant), très grosse journée à l’école (cantine, plus activité périscolaire). En fin de journée, de retour à la maison vers 18h30, il a pleuré, non stop, durant 45 minutes. « Je n’aime pas mon implant tout le monde parle l’extraterrestre, l’aimant ne tient pas » Avec des encouragements appropriés et de gros câlins, il se calme et la fin de soirée se passe sans son implant. Avec mon mari, nous étions un peu déboussolés. Nous n’avions pas connu ça avec Yoann. Maintenant Cédric porte son implant depuis 5 semaines. Il l’accepte sans aucun problème. Il décrypte « l’extraterrestre » de mieux en mieux et apprécie d’entendre des sons dont il ne soupçonnait pas l’existence. Nous savons que nous ne sommes qu’au début pour chacun de nos enfants mais avec de la patience et beaucoup d’énergie nous y arriverons.