"Je fus réimplantée en Mars 1998, avec le même type d’appareil."

(REIMS-ORAINVILLE)

               (Voir aussi cet article de journal)

Sourde de naissance des deux oreilles, je fus appareillée de l’oreille gauche à 8 ans à l’aide d’un amplificateur.

A 14 ans, je portais un contour auditif, qui m’a permis de rattraper un peu le retard scolaire.

A 30 ans, l’arthrose s’est installé dans la partie moyenne de mon oreille gauche, me causant des acouphènes insupportables, perturbant mon équilibre et mon moral, je ne pouvais plus supporter mon contour auditif, durant deux ans je suis restée dans le silence.

 

En 1993  ma belle-mère étant abonnée au magazine sur la Recherche Médicale, a vu l’article sur l’implant cochléaire pour les sourds. Une innovation qui avait été créée par le Professeur CHOUARD, et que le Docteur MEYER installait sur les patients de surdité profonde, à certaines conditions.

Je me suis renseignée à l’hôpital Saint Antoine de Paris, pris rendez-vous avec le Docteur MEYER, il s’avérait après examen spécial, que j’étais recevable de cet implant. Malgré mon inquiétude des acouphènes persistaient, que je n’arrivais pas à calmer. Le Docteur FUGAIN, orthophoniste et collaboratrice au Docteur MEYER, en était informé et pensait que cela pouvait s’arranger tout seul une fois l’implant installé. J’étais sceptique.

 

J’ai donc accepté l’opération, ce fut en octobre 1993.

 

Le Docteur MEYER a essayé de réparer et nettoyer la partie moyenne et mécanique de mon oreille gauche, et de voir pourquoi j’étais sourde à l’origine. Mais ceci reste dans le domaine médical.

Après de vaines tentatives, il finit par installer l’implant cochléaire.

 

Je me suis réveillée avec de terribles vertiges où je ne pouvais en aucun cas fixer un point sur le mur en face de moi, les yeux en roulis sans cesse, je me suis mise à pleurer, des douleurs aux talons m’ont fait hurler de douleur, et pour ajouter à mon cauchemar, mes acouphènes avaient redoublé d’intensité, c’était la panique complète. Les infirmiers et médecins sont venus m’examiner et me calmer, je devais absolument rester calme.

Les vertiges et acouphènes ont duré très longtemps très fort durant mon hospitalisation, j’étais épuisée, je savais que si je pleurais cela me rendait encore plus malade. Je me battais pour ne pas flancher. Les infirmiers ont été formidables et m’ont aidé à supporter ce mauvais passage.

 

Après 10 jours d’hospitalisation, je suis sortie avec mes vertiges, je tenais à peine debout, il me fallait être accompagnée et tenue. Cela a duré encore un mois et demi très fort, puis je me forçais à prendre l’air toute seule en me tenant après les murs dans la rue. C’était assez épouvantable.  Mes vertiges et acouphènes se sont estompés petit à petit, et ont duré pendant une année.

J’ai commencé ma rééducation orthophoniste au bout de trois semaines après l’opération, auprès du Docteur FUGAIN pendant 4 mois. J’étais toujours fatiguée, dormais très peu à cause de mes acouphènes, je dois dire que la rééducation m'épuisait en plus, mais le réveil de l’oreille avec l’implant, sa perception, sa compréhension, son adaptation faisaient des merveilles. Cela fonctionnait ! J’étais heureuse.

Mais il y avait encore du travail à faire pendant des mois, mais cette fois ci dans la vie quotidienne. Puis j’ai continué une rééducation orthophoniste à l’hôpital de Reims pendant une année et quelques mois, puis ce fut au point pour moi.

 

Je  me débrouille au téléphone avec les personnes que je connais très bien, je prends des rendez-vous médicaux, ou d’urgence à des organismes. J’entends bien la musique pendant des concerts de musique classique, de la musique d’intérieur, ce qui me fait le plus plaisir. Je converse tout à fait normalement avec plusieurs personnes, la lecture labiale pallie à certains trous de mots non entendus, mais j’en perds l’habitude au profit de bien entendre presque tous les mots.

 

Et ceci a bien fonctionné durant quatre ans.

 

Durant cette première période, j’ai perdu 10 électrodes sur les 13 qui fonctionnaient. Il ne m’en restait plus que 3. C’était inquiétant. Chaque électrode me brûlait quelques secondes dans la cochlée puis s’éteignait.

Je ne pouvais pas rester comme cela. Je pense que la cause de cette perte était due à mes réglages successifs dont je demandais une puissance très forte d’amplification, et aussi un déplacement du porte électrodes dans la cochlée qui aurait subi une pression ou un choc physique involontaire de ma part.

 

Je fus réimplantée en Mars 1998, avec le même type d’appareil.

 

L’opération s’est bien passée pour le remplacement de l’implant, pas de vertiges, pas d’acouphènes comme la première fois, je me suis réveillée en forme en réclamant « j’ai faim », c’est que tout allait bien.

 

Plus prudente, mes réglages sont toutefois plus doux,  la compréhension de la parole depuis octobre 1993 s’améliore tous les jours, les acouphènes sont diminués, très supportables du fait que la transmission ne se fait plus par l’oreille externe, vertiges disparus.

Toutefois, je dois signaler que quand je suis dans la rue ou dans un environnement bruyant, en portant le Digisonic branché, je dois garder l’équilibre droit devant moi pour marcher, car je suis un peu déséquilibrée du fait d’entendre d’un côté.

 

 A ce jour de Février 2003, cela fera 10 ans que je porte l’implant cochléaire, je suis très heureuse d’avoir fait cette opération et réimplantation qui m’ont redonnée goût à la vie.

Je dirais en raison de mon handicap et la capacité de réception de mon oreille gauche :

-         que j’entends tous les bruits, les conversations, 

-         pour la compréhension je dirais 70 % de réussite,

-         pour l’autonomie de communication téléphonique je dirais 40 %, pour moi c’est suffisant.

- pour le miracle réalisé c’est : 100% de réussite.

Grâce aux Professeur CHOUARD, Docteurs MEYER, FUGAIN, MONNERON et leurs équipes.

Un grand MERCI à tous du fond du cœur.