Résumé de l'intervention du Dr Didier Bouccara, service ORL, Hôpital Beaujon, AP-HP, lors de l'AG CISIC 2009

Grâce aux progrès technologiques appliqués à l’implant cochléaire en terme de traitement du signal, l’indication d’implantation cochléaire bilatérale se discute de plus en plus souvent chez l’adulte. La  mise en place de recommandations par les autorités sanitaires a contribué à en préciser les applications par les centres d’implantation.

Justifications de l’implantation cochléaire bilatérale chez l’adulte

L’implantation cochléaire bilatérale permet l’accès à la stéréophonie avec la restauration des capacités de localisation spatiale, l’amélioration de la sélectivité fréquentielle, et de la reconnaissance de la  parole dans le bruit. De nombreuses études réalisées dans différents pays ont montré par des tests auditifs et des questionnaires que pour une même personne l’utilisation de deux implants améliore habituellement très nettement à la fois la quantité des informations auditives perçues et leur qualité. Ceci est particulièrement vrai dans les atmosphères bruyantes. Une des limites de l’implantation cochléaire bilatérale est son coût. Ce sont des études évaluant le  rapport coût/efficacité qui ont permis de réaliser des évaluations socio économiques précises de l’impact de l’implantation cochléaire bilatérale. Celles-ci ont démontré l’intérêt de l’implant bilatéral et permis de décider des modalités de prise en charge par la collectivité.

Malheureusement l’implantation cochléaire bilatérale n’est pas toujours possible : parfois il existe une surdité très ancienne d’un côté ou bien des modifications de l’anatomie de la cochlée: malformations, calcifications. Ces situations peuvent ne pas permettre pas de réaliser techniquement l’intervention ou  le bénéfice potentiel du second implant apparaît très limité ou nul. Pour prendre la décision il faut donc une nouvelle évaluation, un petit peu comme avant la première implantation. Ainsi avant toute chose si une personne a déjà été implanté d’un côté et s’interroge sur l’intérêt et la possibilité d’un second implant, il faut lui proposer de consulter le centre d’implantation pour réaliser un nouveau bilan. Celui-ci va comporter habituellement des tests auditifs dans le calme et dans le bruit, des examens de l’équilibre, une évaluation de la communication et selon les cas une imagerie, ou d’autres tests. Dans la mesure où il est possible que l’implantation cochléaire modifie le fonctionnement du système de l’équilibre et entraîne des troubles : vertige et/ou instabilité  si une implantation cochléaire bilatérale est décidé ce risque doit être évalué. Habituellement les troubles de l’équilibre régressent avec le traitement par médicaments ou par rééducation vestibulaire.

L’intervention chirurgicale

Il y a deux possibilités. Soit l’intervention est d’emblée réalisée des deux côtés et alors tout se déroule comme s’il s’agissait de deux interventions l’une à la suite de l’autre lors de la même anesthésie. Sinon elles sont décalées dans le temps de plusieurs mois ou années avec donc deux anesthésies générales.

 

Trois situations où l’implantation cochléaire bilatérale est envisagée

1°) Première situation : rare mais urgente: il existe un risque d’ossification de la  cochlée: il faut d’emblée implanter les deux côtés car il existe un risque de ne pas pouvoir insérer les électrodes si la cochlée s’ossifie. Il s’agit de cas de méningites récentes ou de traumatises crâniens sévères avec fractures des deux rochers (os contenant le structures de l’oreille interne)

2°) Seconde situation : il existe une perte rapide de l’audition des deux côtés avec un bénéfice des aides auditives quasi nul. Selon l’évaluation et après information il faut discuter une implantation bilatérale d’emblée: une seule intervention, des réglages et une rééducation simultanés. Mais le bénéfice des deux côtés peut différer, et aucun élément ne permet à ce jour de l’évaluer avant l’intervention.

3°) Troisième situation : après implantation d’un côté il existe une perte, progressive ou brutale, du bénéfice de l’aide auditive de l’autre côté. On peut proposer implant bilatéral en deux temps, « séquentiel » ; afin de restaurer une audition bilatérale : stéréophonie.

 

Implantation cochléaire bilatérale et prise en charge collective

En France la Haute Autorité de Santé a édité des recommandations précises pour la réalisation des implantations cochléaires bilatérales par les centres d’implantation (données accessibles sur le site de la HAS).

 

Conclusion

Si il est démontré que le bénéfice potentiel d’une implantation cochléaire bilatérale peut être important en terme de communication, ce choix reste un choix individuel. A partir d’une évaluation précise et d’une information concernant les avantages et inconvénients potentiels de cette procédure, chaque personne pourra prendre ou non la décision d’implant cochléaire bilatéral en concertation avec l’équipe du centre d’implantation.

 

L’équipe du service d’ORL est à votre disposition pour tout élément complémentaire